31/01/23 – Anciennes mines d’uranium : contamination d’une frayère et d’un cours d’eau à l’Ecarpière

En 2015, le laboratoire de la CRIIRAD avait effectué, pour le compte de l’association Moine et Sèvre pour l’avenir, des prélèvements d’eaux et de sédiments dans l’environnement de l’ancien site d’extraction de l’uranium AREVA/ORANO de l’Écarpière. (>> Télécharger le rapport de 2015)
Une importante contamination radiologique avait été constatée :

  • dans les eaux (319 µg/l d’uranium) et les sédiments (environ 4 000 Bq d’uranium 238 par kg sec) d’une frayère en bordure de la rivière Moine, alimentée par des eaux s’écoulant en contrebas de l’ancienne mine d’uranium du Tail ;
  • dans les terres de berge de la Moine en aval du rejet de la station de traitement des eaux provenant du site AREVA (environ 4 000 Bq/kg sec pour l’uranium 238).

Malgré ces constats, AREVA concluait, sur la base de ses propres mesures, à l’absence d’impact sur la rivière Moine en aval de la frayère, et à l’absence de marquage radiologique des terres de berge en aval du rejet des eaux, et ne faisait pas état d’actions d’assainissement.
La nouvelle campagne de mesures réalisée par la CRIIRAD en 2022 montre :

  • que la contamination de l’eau et des sédiments de la frayère persiste ;
  • que la contamination en aval du rejet de la station de traitement des eaux concerne non seulement les terres de berge, comme constaté en 2015, mais également des sédiments, dont l’activité est telle qu’ils peuvent être considérés comme un déchet radioactif de faible activité à vie longue (plusieurs milliers de Bq/kg sec d’uranium 238, plusieurs dizaines de milliers de Bq/kg de thorium 230, de radium 226 et de ses descendants).

Ces résultats posent la question du confinement des déchets du site ORANO, et de la pertinence de la méthodologie employée pour la surveillance environnementale par l’exploitant.

Pour mémoire, les recommandations déjà formulées dans le rapport 15-49, toujours valables au vu du constat effectué par la CRIIRAD en 2022, sont reproduites ci-dessous.

« Sur la base de ces contrôles, la CRIIRAD recommande que l’Administration revoie les prescriptions imposées à [ORANO] en ce qui concerne la maîtrise des transferts de polluants radioactifs et chimiques par le vecteur eau sur son site de l’ECARPIERE à savoir :

  • la collecte de tous les écoulements contaminés,
  • la caractérisation radiologique et chimique détaillée de ces écoulements,
  • leur traitement en vue de respecter des normes de rejet réellement protectrices du milieu naturel,
  • la révision des plans de surveillance environnementale (contrôle sur les sédiments et terres de berges impactés, contrôles sur la faune aquatique),
  • la justification des écarts entre les niveaux de contamination observés par la CRIIRAD dans les sédiments et terres de berge et ceux relevés par [ORANO] ».

>> Télécharger le communiqué


Communiqué du Collectif Mines d’Uranium – Mars 2023
Anciennes mines d’uranium françaises

Terres et eaux contaminées : non au désengagement d’Orano !
Plus de 200 mines d’uranium ont été exploitées sur le territoire français entre 1945 et 2001. Leur gestion incombe à l’entreprise Orano, qui souhaiterait s’en désengager. C’est au contraire un renforcement des mesures de gestion de ces sites qu’il faudrait mettre en œuvre : recensement des pollutions, assainissement, confinement des déchets, suivi environnemental, information des riverains, conservation de la mémoire… Les textes du code minier sont loin de répondre à ces exigences.
Le site de l’Écarpière, à proximité duquel se tenait la 11ème réunion annuelle du Collectif Mines d’Uranium, n’échappe pas à la règle.

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