Matériaux de construction : le laboratoire de la CRIIRAD a analysé 40 échantillons de matériaux de construction produits et/ou commercialisés en Rhône-Alpes (granulats pour béton, ciment, briques, plaques de plâtre, …).
Les radionucléides naturels primordiaux (uranium 238, thorium 232, potassium 40) et leurs descendants sont omniprésents dans la croûte terrestre et les matériaux de construction. Leur présence dans les sols et les matériaux de construction est à l’origine des principales voies d’exposition à la radioactivité naturelle, à travers :
- l’inhalation du radon, gaz radioactif naturel issu de la désintégration de l’uranium. Selon l’InVS1 , il serait responsable de 1 500 à 3 000 décès annuels par cancer du poumon en France,
- l’irradiation externe induite par les rayonnements provenant de ces radionucléides.
Il existe des solutions pour réduire cette exposition. Par exemple, l’irradiation peut être réduite en choisissant des matériaux pauvres en radionucléides naturels. A l’inverse, une méconnaissance de ces voies d’exposition peut entraîner une augmentation du risque.
Depuis les années 90, la réglementation tend à prendre en compte progressivement l’exposition à la radioactivité naturelle. Une nouvelle étape devrait être franchie avec une directive européenne devant paraître en 2013. D’ici quelques années, en application de cette directive, les catégories de matériaux susceptibles de présenter un risque devraient faire l’objet d’une caractérisation radiologique et, si nécessaire, être soumis à des restrictions d’usage. Ceci devrait concerner les matériaux présentant naturellement une radioactivité élevée (roches granitiques par exemple) ainsi que les matériaux dans lesquels la radioactivité naturelle a été concentrée (cendres volantes, phosphogypse, sous-produits des industries sidérurgiques et minières,…).
La littérature scientifique internationale comporte des milliers de données relatives à la radioactivité des matériaux de construction produits et/ou utilisés dans de nombreux pays (Italie, Grèce, Pologne, Egypte, République Tchèque, Egypte, Syrie, Brésil, Chine, Japon, …), mais en France, et a fortiori en RhôneAlpes, très peu d’études ont été réalisées.
Comme le montrent les retours d’expérience des formations dispensées par la CRIIRAD dans le cadre du partenariat avec la Région Rhône-Alpes, les professionnels du bâtiment sont pourtant très demandeurs de données scientifiques concrètes et d’éléments de comparaison sur cette question. Partant de ce constat, afin d’anticiper les évolutions réglementaires à venir, la CRIIRAD a proposé d’effectuer un premier état des lieux non exhaustif en collectant 40 matériaux de construction produits
et/ou utilisés en Rhône-Alpes et de déterminer leurs caractéristiques radiologiques.
Cette étude a comporté 4 volets :
- dans un premier temps, une recherche bibliographique a permis de dresser une liste des principales familles de matériaux de construction à contrôler, d’établir un plan d’échantillonnage et de collecter les matériaux ;
- les échantillons ont ensuite fait l’objet d’analyses par spectrométrie gamma au laboratoire CRIIRAD, afin d’évaluer le risque lié à l’irradiation externe ;
- une méthodologie d’évaluation du flux d’exhalation de radon produits par ces matériaux a ensuite été testée, en sachant qu’à ce jour, ce type de mesure ne fait pas encore l’objet d’une norme internationale ;
- enfin, les résultats des analyses ont été interprétés à la lumière des dispositions du projet de nouvelle directive européenne. Il convient de signaler qu’une analyse critique de ce projet serait nécessaire, mais nécessiterait une étude spécifique et ne rentre pas dans le champ du présent rapport.
Consulter le rapport CRIIRAD (octobre 2012)
Consulter la synthèse du rapport (Extrait du TU 58 – Mars 2013)