POLLUTION AU RADON
La CRIIRAD dénonce l’inertie des autorités et leur démission face à AREVA
En France, 600 lieux d’habitation et de travail ont été recensés comme potentiellement contaminés par des déchets radioactifs issus de l’extraction ou du traitement du minerai d’uranium. Suite au scandale de Bessines, les autorités ont demandé à AREVA de procéder à des contrôles du niveau de radon (un gaz radioactif produit par ces déchets). Le seuil d’alerte, mobilisant les services de l’état et imposant à AREVA des travaux d’assainissement, a été fixé à 2 500 Bq/m3.
Cette valeur doit garantir qu’aucune personne ne sera exposée à une dose supérieure à 50 mSv/an (soit 50 fois la limite de dose réglementaire !). Or ce n’est pas le cas. Les calculs de dose faits par AREVA, et validés par l’IRSN, utilisent en effet des coefficients périmés qui sous-évaluent le risque de décéder d’un cancer du poumon d’un facteur 2 à 3. Le seuil d’alerte doit impérativement être abaissé à 1 000 Bq/m3, voire moins.
Alertés par la CRIIRAD dès novembre 2016, les ministères et l’ASN ont choisi la politique de l’autruche, privant ainsi familles et travailleurs de la protection qui leur est due. Devant l’indifférence des responsables, la CRIIRAD a décidé de rendre public ce dossier qui révèle des dysfonctionnements caractéristiques du contrôle des activités nucléaires :
- l’État se défausse de ses responsabilités sur l’exploitant qui est aussi le pollueur potentiel ;
- AREVA sous-évalue un fois encore l’impact de ses activités de façon à minorer ses coûts ;
- l’IRSN, par négligence ou volontairement, omet de signaler des défauts pourtant rédhibitoires ;
- Informés, preuves à l’appui, des dysfonctionnements, les directions ministérielles et l’ASN préfèrent fermer les yeux et priver ainsi les familles et les travailleurs concernés de la protection qu’ils sont censés leur garantir.
Déjà considéré comme un problème de santé publique en raison de sa capacité à induire des cancers du poumon, le radon pourrait également augmenter le risque de leucémies infantiles et de cancers de la peau. Il est inacceptable de baser la politique de gestion de ce risque sur des évaluations incorrectes et des normes obsolètes.
La CRIIRAD demande l’abaissement sans délai du seuil d’alerte et des garanties sur les bases scientifiques et sanitaires des décisions relatives à la protection contre le radon.
Par ailleurs, compte tenu du risque élevé de faux négatifs dans le protocole AREVA, la CRIIRAD demande également communication du bilan détaillé des contrôles réalisés sur les 600 lieux de vie et de travail situés à proximité de stériles miniers uranifères. Elle souhaite vérifier la fiabilité des contrôles ainsi que le traitement réservés aux sites présentant des concentrations en radon inférieures au seuil d’alerte de 2 500 Bq/m3 mais supérieure au niveau de référence maximum de 300 Bq/m3 défini dans la directive 2013/59/Euratom.
Pour plus d’information :
- La note technique du 16 septembre 2016
- Le courrier adressé par la CRIIRAD aux autorités signataires le 8/11/2016
- Le courrier adressé par la CRIIRAD à l’IRSN le 15/11/2016
- La réponse IRSN du 18/04/2017
- Le courrier adressé par la CRIIRAD à la MSNR le 29/06/2017
- La réponse de la CRIIRAD à l’IRSN du 3 juillet 2017
- La relance adressée par la CRIIRAD aux autorités signataires le 3/07/2017.