Le laboratoire de la CRIIRAD a participé à la 4 ème réunion annuelle du Collectif Mines d’Uranium qui s’est tenue fin mai 2015 dans le secteur de l’Ecarpière (Loire Atlantique). Cette réunion était organisée par l’association Moine et Sèvre pour l’Avenir.
De 1955 à 1990, le CEA, puis COGEMA et AREVA ont extrait de l’uranium sur ce site. Une usine d’extraction de l’uranium a fonctionné à l’Ecarpière afin de traiter le minerai d’uranium extrait des mines du secteur. Ces activités ont laissé de grandes quantités de déchets radioactifs : des stériles miniers dispersés dans l’environnement et parfois présents à côté des habitations voire dans les habitations et plus de 11 millions de tonnes de résidus d’extraction de l’uranium.
La CRIIRAD et l’association Moine et Sèvre pour l’Avenir travaillent ensemble depuis le début des années 90 pour dénoncer la contamination de l’environnement et les conditions de stockage des déchets radioactifssur ce site. La CRIIRAD a effectué en mai 2015 des mesures du taux de radiation avec des citoyens du secteur et des associations membres du Collectif Mines d’uranium.
Contamination du milieu aquatique
Les analyses effectuées par la CRIIRAD ont permis de mettre en évidence plusieurs anomalies. La contamination en uranium des terres des berges de la rivière la Moine en aval du rejet des eaux provenant du site AREVA , comme celle des sédiments d’une frayère en bordure de la Moine, alimentée par des eaux s’écoulant en contrebas de l’ancienne mine d’uranium du Tail, est environ 100 fois supérieure à la moyenne de l’écorce terrestre et 40 fois supérieure aux valeurs relevées par AREVA dans le cadre de l’autosurveillance. Ceci montre que le suivi par AREVA de l’impact environnemental des anciens sites uranifères est inadapté et ne rend pas compte des pollutions réelles. Ceci met en cause la pertinence des arrêtés préfectoraux en vigueur et des contrôles effectués par l’administration.
Les eaux de la frayère ont une charge en uranium très importante (319 microgrammes par litre) et nettement supérieure aux valeurs de référence à ne pas dépasser pour protéger les organismes d’eau douce (moins de 0,4 microgrammes par litre). Ceci est d’autant plus grave qu’une frayère est un lieu fondamental pour le biotope. Les analyses chimiques montrent en outre que le rejet dans la Moine présente un pH acide (4,5) et une forte concentration en aluminium (2100 µg/l) et sulfates (1 000 mg/l), paramètres qui ne sont pas contrôlés par AREVA.
La CRIIRAD demande que l’Administration revoie les prescriptions imposées à AREVA en ce qui concerne la maîtrise des transferts de polluants radioactifs et chimiques par le vecteur eau sur son site de l’ECARPIERE à savoir :
- la collecte de tous les écoulements contaminés,
- la caractérisation radiologique et chimique détaillée de ces écoulements,
- leur traitement en vue de respecter des normes de rejet réellement protectrices du milieu naturel,
- la révision des plans de surveillance environnementale (contrôle sur les sédiments et terres de berges impactés, contrôles sur la faune aquatique),
- la justification des écarts entre les niveaux de contamination observés par la CRIIRAD dans les sédiments et terres de berge et ceux relevés par AREVA.