• Accueil
  • >
  • Divers
  • >
  • Lien entre dilution des rejets et teneur en tritium dans l’eau potable

Lien entre dilution des rejets et teneur en tritium dans l’eau potable

Retour à la catégorie > Tritium dans l’eau potable

Les graphes ci-dessous permettent de vérifier la cohérence des ordres de grandeur entre les activités volumiques du tritium dans les cours d’eau, calculées à partir des rejets des centrales électronucléaires et des débits des cours d’eau et les activités volumiques en tritium mesurées dans les eaux potables de villes alimentées par ces mêmes cours d’eau.

Sur le premier graphe nous avons fait figurer une estimation, pour la Vienne, la Loire, la Seine, la Garonne et le Rhône, de l’activité volumique moyenne en tritium, sur la période 2017/2021. Les activités rejetées par les centrales électronucléaires proviennent du livre blanc tritium ; les débits des cours d’eau sont issus du site hydro.eaufrance.fr.

Par exemple, dans le bassin versant de la Loire, la moyenne annuelle du total des rejets liquides des 4 centrales de la Loire et de celle de la Vienne (Civaux) a été de 218 820 GBq.

Pendant la même période, le débit moyen de la Loire, mesuré à Montjean-sur-Loire (à 80 km en aval de la confluence entre Loire et Vienne, et à 60 km en amont de Nantes) a été 665 700 litres par seconde (l/s).

Le volume écoulé sur une année s’élève donc à

665 700 x 3 600 secondes x 24 heures x 365,25 jours = 21 000 milliards de litres (Gl).

Si on considère que la totalité des rejets liquides dans le bassin versant de la Loire sont passés par Montjean-sur-Loire, on peut estimer que

218 820 GBq dilués dans 21 000 Gl représentent en moyenne une activité volumique de

218 820 / 21 000 = 10,4 Bq/l.

Ce type d’estimation est bien évidemment à prendre avec précaution : il ne s’agit que d’un ordre de grandeur qui ne tient pas compte de nombreux paramètres.

Le second graphe indique, pour une commune sélectionnée en aval de toutes les centrales électronucléaires qui rejettent du tritium dans le bassin versant concerné, la moyenne des résultats de toutes les analyses réglementaires de tritium dans l’eau potable sur la période 2017-2021.

Pour chaque commune, deux moyennes sont mentionnées. La moyenne minimale a été calculée en prenant 0 pour chaque résultat inférieur à la limite de détection. La moyenne maximale a été calculée en prenant la valeur de la limite de détection pour chaque résultat inférieur à cette limite. L’écart entre les deux valeurs est d’autant plus important que la proportion de résultats inférieurs à la limite de détection est élevée.

Dans le cas de Châtellerault, la moyenne minimale est de 22,0 Bq/l et la moyenne maximale est de 24,8 Bq/l. Ces deux valeurs sont proches car il y a peu de résultats inférieurs à la limite de détection.

Dans le cas de Bollène, les deux moyennes sont 1,0 Bq/l et 9,3 Bq/l. Ces deux valeurs sont éloignées car de nombreux résultats sont inférieurs à la limite de détection.

S’agissant de Bollène, le résultat est à prendre avec précaution compte tenu de la distance entre le point de production d’eau potable et le point de référence pour les débits du Rhône. L’eau potable est produite à partir de captages de la nappe alluviale du Rhône implantés dans le secteur de Mornas, en aval de la confluence, entre le canal de Donzère-Mondragon et le vieux Rhône (à une dizaine de km en aval de Bollène). La station hydrologique la plus proche pour laquelle des données sont disponibles sur hydro.eaufrance.fr est située à Tarascon, à 70 km en aval de Bollène. Plusieurs cours d’eau se jettent dans la Rhône entre les deux points, le principal étant la Durance (débit moyen 2020-2021 : 102 000 l/s).

Pour chaque bassin versant, les ordres de grandeur représentés sur les deux graphes sont comparables : c’est sur la Vienne en aval de la centrale de Civaux que l’activité volumique en tritium est la plus élevée (18 Bq/l d’après les rejets déclarés ; 22 à 25 Bq/l d’après les analyses d’eau potable), et sur le Rhône qu’elle est la plus faible (4 Bq/l d’après les rejets déclarés et de 1 à 9 Bq/l d’après les analyses d’eau potable). Ces valeurs sont dans l’ensemble supérieures au bruit de fond des eaux de surface hors installations nucléaires (moins de 2 Bq/l).

Bien entendu, l’examen des ordres de grandeur des moyennes annuelles a pour seul objet de donner une vue d’ensemble. Pour effectuer des corrélations plus fines entre les rejets de tritium effectués par les centrales électronucléaires dans les cours d’eau et la contamination en tritium qui en résulte pour les eaux potables, il faudrait réaliser une étude beaucoup plus poussée en tenant compte, en particulier, de la variation dans le temps des niveaux d’activité rejetée et des conditions de rejet, des variations sur les débits et des conditions de captage des eaux. Ceci nécessiterait en particulier de disposer des registres des rejets (dates et activités rejetées) de l’ensemble des sites nucléaires, mais ceux-ci ne sont pas mis en ligne.