Communiqué de presse – mercredi 8 mars 2000 – 16 heures
Mis en cause par la CRIIRAD, l’OPRI décide de porter plainte contre le SCPRI ! (1)
QUELQUES RAPPELS (2)
· Un risque de cancer inacceptable
La CRII-RAD a rendu public le 23 février dernier, le résultat des contrôles radiologiques effectués dans une propriété située 36, chemin du Couvent, à Gif-sur-Yvette dans l’Essonne. Sur la base des investigations réalisées, la CRII-RAD a conclu que les occupants de cette maison, construite sur des déchets radioactifs, sont exposés, depuis 1964, à un risque sanitaire inacceptable, nécessitant des mesures d’urgence.
· Les responsabilités
La responsabilité de l’État étant fortement engagée, la CRII-RAD demande réparation du préjudice économique et sanitaire subi par cette famille.
La responsabilité porte sur la mise en danger de la vie d’autrui, délibérément, par imprudence ou par incapacité professionnelle, du fait d’un acte positif (délivrance du permis de construire) ou par carence à agir. Devront être éclaircies les rôles respectifs de la préfecture, du SCPRI, de l’OPRI, du CEN de Saclay, mais aussi de tous les responsables alertés en vain au terme de trois saisines successives du médiateur de la République de 1981 à 1998.
· Lettre ouverte aux ministres (2)
Compte tenu de la gravité des faits, la CRII-RAD a saisi, par lettre ouverte envoyée le 1er mars dernier, les ministres en charge de la santé et de l’environnement. La CRII-RAD demandait notamment la réalisation d’une contre-expertise des études de l’OPRI. Cet établissement public a en effet conclu, début 1999, que “la situation n’est pas sanitairement dangereuse”, diagnostic sur lequel il n’est jamais revenu, malgré la mesure de niveaux de radon très élevés.
Mme Gillot a désormais pris en charge le dossier. Ainsi que l’a demandé la CRII-RAD, le bureau de radioprotection a été saisi et doit procéder à l’évaluation des risques sanitaires. La CRII-RAD sera très attentive aux décisions que prendront les autorités.
LE REVIREMENT DE l’OPRI
L’OPRI – qui avait publiquement ironisé sur les conclusions de la CRII-RAD – a contacté M. et Mme Garcia pour exprimer son inquiétude concernant leur santé et les inviter à passer divers examens. Ce soudain revirement serait dû à la découverte, dans les archives du SCPRI, des résultats des examens effectués en 1975 sur leurs enfants. Le conseil d’administration de l’OPRI réuni d’urgence ce matin a décidé de porter plainte contre le SCPRI (1).
LA FAUTE DU SCPRI
En mai 1975, à la demande de M. et Mme Garcia, le SCPRI mesure la quantité de radioactivité présente dans l’organisme de leurs deux enfants (anthropogammamétrie). Un an plus tard, n’ayant toujours aucun résultat, Mme Garcia écrit au directeur du SCPRI pour les réclamer. Le courrier de M. Pellerin est laconique :
” le but de ces examens était de vérifier l’absence d’activité due au radium à un niveau nécessitant un suivi médical. Je vous confirme que la vérification effectuée a montré que tel était bien le cas, et qu’il n’y avait pas lieu de pousser plus loin les investigations”.
Les résultats n’étaient pas joints au courrier ! Et pour cause : communiqués hier par l’OPRI à M. et Mme Garcia, ils révèlent une contamination incontestable par le radium 226 : de l’ordre de 2 000 becquerels en charge corporelle totale pour chacun des deux enfants, âgés alors de 8 et 10 ans. Rappelons que le radium 226 est un radionucléide de très forte radiotoxicité. Son comportement est assez proche de celui du calcium : il se fixe préférentiellement dans les os, en particulier chez les enfants dont l’organisme est en pleine croissance.
Cet élément met gravement en cause le directeur du SCPRI, sans exonérer toutefois la responsabilité des autres organismes impliqués dans le dossier et notamment celle de l’OPRI.
(I) Le SCPRI – Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants – n’existe plus depuis 1994. Il a changé de statut et de dénomination pour devenir, l’OPRI – Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants.
(2) documents disponibles sur le site internet de la CRII-RAD.