AP | 30.11.2007 | 14:36
Une étude de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) rendue publique vendredi confirme la contamination radioactive de Saint-Pierre, un petit bourg du Cantal de moins de 200 habitants, s’alarme l’association “Pour notre qualité de vie”, l’une de celles à l’origine de l’étude. Il faut dire que le site en question a abrité de 1958 à 1981 une mine d’uranium et de 1976 à 1985 une usine de traitement du minerai.
L’affaire a débuté en 2003 lorsque les membres de cette association composée de riverains et “Nos enfants et leur sécurité”, autre association cantalienne, se sont inquiétés de la qualité des eaux d’un plan d’eau touristique aménagé en contrebas de l’ancienne mine d’uranium.
Les premiers prélèvements effectués par la CRIIRAD ont confirmé leurs doutes: les eaux issues du secteur minier ainsi que les sédiments aux abords du plan d’eau étaient bien contaminés radiologiquement et chimiquement. Par ailleurs, des niveaux d’irradiation anormalement élevés sur le terrain de foot du village en bordure du lotissement communal suggéraient la présence de matériaux radioactifs en surface du sol. L’étude complémentaire menée de concert par la CRIIRAD et l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) confirme tous ces premiers soupçons.
De la mine d’uranium, 1.350 tonnes de minerai ont été extraites, alors que 530.000 tonnes de déchets radioactifs ont été enfouies dans l’excavation de la mine à ciel ouvert et que 70.000 tonnes de résidus fins et boues sont stockées dans des bassins de décantation. Le site est placé sous la responsabilité de la Cogema-Areva depuis 1994.
Bruno Chareyron, responsable de l’étude pour la CRIIRAD, a déclaré à l’Associated Press qu’il “est urgent d’agir, notamment pour ce qui concerne les maisons du lotissement communal où les niveaux de radon (gaz radioactif, NDLR) sont à terme dangereux pour la santé des habitants. Il est également impératif de ne plus rien construire sur les parcelles de la commune contaminées. Il faut également revoir les conditions de stockage des déchets radioactifs miniers”.
Pour lui, “Saint-Pierre est exemplaire des risques encourus par une population mal ou non informée. Il faut absolument faire comprendre aux élus et aux habitants qu’avant d’acheter des terrains aux abords d’un ancien site minier, ils doivent être très vigilants sur les risques de radioactivité”.
Les analyses “révèlent la présence de déchets radioactifs dans le domaine public, y compris sur des parcelles dépourvues de toute servitude et sur des terrains habités” et “les contaminations mises en évidence dans un lotissement, au niveau du plan d’eau, du terrain de foot, du stand de tir, etc. montrent l’absence de prise en compte des risques radiologiques dans les projets de construction et la mise en place d’équipements publics”, dénonce la CRIIRAD qui s’étonne des “conditions de remise dans le domaine public des parcelles issues d’anciens sites miniers ou nucléaires” et du “manque de fiabilité des états des lieux officiels” de la part de l’exploitant ou des services de l’Etat.
George Haag, président de “Nos enfants et leur sécurité”, ne dit pas autre chose: “Aujourd’hui dans ce genre de dossier, le risque c’est l’oubli. Sans notre intervention, une parcelle de la commune aurait été rendue constructible alors que sur ce terrain avait été exploité un filon d’uranium. Et nous avons eu du mal à avoir de gain de cause auprès de la Cogema”. Son association et “Pour notre qualité de vie” ont déposé plainte contre X et se sont constituées partie civile voilà trois ans pour mise en danger de la personne d’autrui et abandon ou dépôt de déchets. L’instruction est toujours en cours au TGI d’Aurillac. AP