Pratiquement tout l’uranium utilisé pour faire fonctionner les centrales nucléaires françaises passe d’abord par l’usine ORANO de Malvesi. Inquiet de l’impact sanitaire du site, un collectif de citoyens, soutenu par la CRIIRAD, a réalisé et analysé des mesures de radiation autour de l’usine. Des excès d’uranium très largement supérieurs à la normale ont été constatés.
Pour faire fonctionner les centrales nucléaires, l’uranium, une fois extrait des mines doit être converti en vue d’un enrichissement. En France, cette deuxième étape a notamment lieu à Malvesi, près de Narbonne. Point d’entrée de l’uranium en France, ce site existe depuis plus de 60 ans. D’abord exploité par une filiale d’AREVA avant d’être repris par le groupe en 2014, c’est aujourd’hui ORANO (ex AREVA) qui est en charge de l’usine.
En 2006, lors d’une étude, la CRIIRAD constatait que les fûts de concentrés uranifères du site contenaient 20 000 tonnes d’uranium. Ces simples fûts métalliques entreposés en extérieur ne permettent pas de limiter les radiations émises par les concentrés d’uranium. Suite à ces nombreuses alertes , des citoyens ont créé le Collectif Vigilance Malvesy* afin d’analyser les données officielles et de réaliser des mesures complémentaires indépendantes autour de l’usine.
Le travail du collectif, réalisé depuis sa création en 2020, a permis de constater des radiations émises par les concentrés d’uranium à plusieurs dizaines de mètres de la clôture. Des feuilles de cyprès prélevées autour du site montrent aussi un excès d’uranium dans l’environnement. Les analyses de ces échantillons mettent en évidence un niveau d’uranium 5 à 28 fois supérieur à la normale. En 2020 et 2021, les données officielles d’ORANO montrent d’ailleurs une hausse de la radioactivité avec des doses jusqu’à 16 fois supérieures aux valeurs mesurées en 2018. Entre 2010 et 2019 le niveau de radiation à la clôture du site avait déjà triplé.
Interpellé à ce sujet, l’industriel a indiqué que l’activité du site avait été adaptée « à la montée en puissance progressive et à la qualification des équipements de l’usine Philippe Coste du Tricastin » où la production est expédiée. « Une baisse temporaire d’activité explique pour partie l’augmentation de l’entreposage de nos concentrés d’uranium naturel », explique ORANO, qui précise que les concentrés miniers entreposés sont restés « bien en deçà de la quantité autorisée, par notre autorité, à 37 000 tonnes ».
Ces éléments soulèvent la question de l’appréciation juste des risques radiologiques posés par l’accumulation d’une telle quantité de matériaux radioactifs, dans de simples fûts métalliques, sur un parc ouvert. Les mesures montrent que certains riverains respirent un air contaminé par l’uranium rejeté par ces installations d’ORANO. Or, l’uranium émet des particules alpha qui sont parmi les plus radiotoxiques par inhalation. De plus en cas d’accident grave (percussion par un poids lourd, chute d’avion, attentat, etc.) les conséquences d’un tel entreposage pourraient être catastrophiques.
Retrouvez l’intégralité du bilan des actions 2020-2021 menées par la CRIIRAD avec Vigilance Malvezy.