Suite à l’actualité de septembre 2023 sur l’annonce faite par l’administration américaine de l’envoi d’armes à l’uranium appauvri en Ukraine1, la CRIIRAD revient sur la désinformation sur la radioactivité de l’uranium appauvri. En effet de nombreux articles de presse relaient ces derniers jours des affirmations selon lesquelles l’uranium appauvri ne serait pas radioactif.
Article original du 27/03/2023 – mise à jour du 12/09/2023
On peut lire par exemple2 : “C’est un type de munitions commun, utilisé particulièrement pour sa capacité de perforation des blindages, fait valoir le Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, assurant que ces obus “ne sont pas radioactifs”.
Ce type d’affirmation est totalement mensonger. La radioactivité de l’uranium appauvri utilisé dans certaines munitions est de plusieurs dizaines de millions de Becquerels par kilogramme.
La CRIIRAD avait déjà dénoncé cette désinformation en mars 2023 lors de l’annonce de la livraison d’armes à l’uranium appauvri par le Royaume Uni.
Interviewé le 27/3/2023 à 9H40 sur LCI, Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire au laboratoire de la CRIIRAD, a pu contredire un amiral qui affirmait que « l’uranium appauvri a moins de radioactivité qu’un granite de Bretagne ». En effet, la radioactivité totale d’une tête d’obus à l’uranium appauvri est de plusieurs dizaines de millions de Bq/kg quand celle du granite est de quelques milliers de Bq/kg.
>> https://youtu.be/xP-sqP-MsUQ
Les discours scientifiquement erronés sur la radioactivité de l’uranium appauvri sont à l’origine de la banalisation de l’utilisation de cette matière pour des usages civils et militaires. Voir l’ouvrage « Les armes à l’uranium appauvri, jalons pour une interdiction » auquel la CRIIRAD a contribué
>> https://www.grip.org/product/les-armes-a-uranium-appauvri-jalons-pour-une-interdiction/
Dans le film documentaire “Dans les poubelles des marchands d’armes” de Sophie Le Gall et Linda Bendali (2012) qui porte sur les impacts sanitaires liés à des tests d’armes près de Bourges, ainsi que sur le centre militaire de Salto Di Quirra en Sardaigne, Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la CRIIRAD effectue des mesures sur un obus contenant de l’uranium appauvri puis sur un objet contenant du thorium 232.
>> https://www.youtube.com/watch?v=uP_UECJBc9o (extrait du documentaire)
Dans cet extrait vidéo, des mesures sont effectuées avec un scintillomètre gamma sur un obus à l’uranium appauvri. Le débit de dose gamma est 50 fois supérieur au bruit de fond. D’autres mesures (qui n’apparaissent pas dans la vidéo) montrent que le débit de dose beta-gamma à la peau est de 2 000 microSieverts par heure (TLD LiF CENG) soit un niveau de radiation 20 000 fois supérieur au niveau naturel. A 30 centimètres, le débit de dose beta-gamma à la peau est encore de 25 µSv/h (TLD LiF CENG).
La CRIIRAD s’est battue (avec succès) pour que l’utilisation de l’uranium appauvri soit interdite dans les biens de consommation courante en France. Mais des personnes possèdent encore (sans en être conscientes), des objets divers (pendentifs, tableaux, carreaux) qui contiennent des colorants à base d’uranium appauvri.
>> Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=6S_2JZ4LZ7M&t=859s (vidéo de 17 mn)
Voir aussi la vidéo de 2023 où des mesures sont effectuées avec un contaminomètre alpha-bêta-gamma sur un carreau coloré avec des pigments d’uranium appauvri. Il contient moins de 0,5 grammes d’uranium appauvri quand un obus contient des centaines de grammes, voire plusieurs kilogrammes.
>> https://www.youtube.com/shorts/dJW2zvXRf0Q