L’extraction de l’uranium dans l’Hexagone a généré plus de 50 millions de tonnes de résidus radioactifs stockés sur 17 sites.
40 ans après l’arrêt de la production sur le site des Bois Noirs (Loire), Orano doit continuer à traiter en moyenne chaque année 1 million de mètres cubes d’eau radioactive avant rejet dans la rivière, mais l’entreprise ne parvient toujours pas à dépolluer correctement les eaux contaminées.
La fraction sableuse des résidus radioactifs a servi au comblement des galeries de mine. La fraction fine soit plus de 1,3 million de tonnes est actuellement stockée sous eau, dans un lac artificiel de 18 hectares retenu par une digue en terre de 500 m de long et 42 m de haut qui barre la vallée.
La lame d’eau a pour fonction de limiter le niveau de radiation ambiant et les émanations de gaz radioactif (le radon). Les déchets radioactifs ne sont pas confinés et une partie de leur radioactivité est transférée à l’eau.
Ces dernières années, le plan d’eau a débordé à de nombreuses reprises et Orano a dû concevoir et installer une station de traitement des eaux spécifique. Mais le dispositif ne fonctionne pas correctement. Du fait de la baisse du niveau d’eau, la concentration en radium 226 a eu tendance à augmenter et a saturé les filtres à base de zéolithe. La concentration en radium 226 au niveau du rejet a dépassé les normes en janvier et février 2024. Malgré les essais d’Orano, le dysfonctionnement a perduré en septembre. Rappelons que le radium 226 est un métal lourd, très radiotoxique et dont la demi-vie est de 1 600 ans. En se désintégrant, il donne naissance au gaz radon et à d’autres métaux lourds très radiotoxiques par ingestion (le plomb 210 et le polonium 210). Les campagnes de mesure conduites par le laboratoire de la CRIIRAD en 2002 et 2014 ont montré que la concentration en radium 226 dans les végétaux aquatiques de la rivière était 800 fois supérieure au niveau naturel, en aval proche, avec un excès détectable à plus de 30 kilomètres.
Mais la gestion des effluents liquides n’est pas le seul problème, les émanations de gaz radioactif en sont un autre. Lors de la réunion de la Commission de Suivi de Site (CSS) du 12 décembre 2024, à Roanne, le Collectif des Bois Noirs et la CRIIRAD, ont exigé que le dispositif d’évaluation de l’exposition aux radiations soit revu. Il sous-estime en effet les risques liés à l’inhalation du radon.
En attendant, Orano travaille sur un projet de « sécurisation » du site consistant à transformer le stockage sous eau actuel, en un stockage à sec. Pour la CRIIRAD, laisser un tel tonnage de déchets radioactifs et chimiques dans le fond d’une vallée n’est pas satisfaisant pour l’avenir. D’autant que les déchets ont été déversés en vrac sur un sol non étanchéifié au préalable et sur un site sous lequel se trouvent d’anciennes galeries de mine ainsi qu’une faille géologique.
En savoir plus :