Statut de 6 réacteurs nucléaires
D’après les informations publiées le 5 mars à 8h par le SNRIU (organisme de contrôle ukrainien) :
- Le réacteur n°4, dont la puissance avait été réduite de 980 MWe à 690 MWe (sans être arrêté), fonctionne de nouveau à pleine puissance ;
- Le réacteur n°2, qui avait été mis à l’arrêt par mesure de sécurité (comme le n°3), est à nouveau en service, à 460 MWe.
Les réacteurs 1, 3, 5 et 6 sont toujours à l’arrêt. Les combustibles nucléaires doivent être refroidis en permanence, qu’ils soient dans les cuves des réacteurs ou dans les piscines de désactivation.
Conséquences de l’attaque
D’après Petro Kotin, président d’Energoatom, entreprise publique qui exploite les centrales nucléaires d’Ukraine, il y a eu des bombardements et des tirs d’artillerie. Les bombardements ont commencé à 1 h 42 et ont cessé au petit matin, avec la prise de contrôle du site. Les premières informations faisaient état de 3 morts (a priori parmi le personnel de sécurité), et de 2 blessés, dont l’un était hier entre la vie et la mort.
D’après Energoatom, le bâtiment de formation n’est pas la seule structure affectée par les attaques russes. Extraits d’un communiqué d’information du 4 mars :
« Malgré la résistance désespérée de la Garde nationale, de la défense de zone et des habitants d’Energodar, un convoi de véhicules d’occupation a tiré à bout portant sur le site de la centrale, les structures adjacentes et le centre de formation, qui a fini par prendre feu. Un obus a touché l’unité 1 de la centrale électrique qui est actuellement en réparation, de plus, le bâtiment A du complexe de formation a été complètement détruit. (…) [Une mise à jour du 4 mars 15h précise également que « 2 obus d’artillerie ont touché la zone de l’installation de stockage du combustible nucléaire usé de type sec. Le degré d’endommagement des structures et des systèmes de ces installations nucléaires et leur impact sur la sécurité nécessitent des évaluations supplémentaires fondées sur les résultats des inspections complètes menées par les services spéciaux de l’Organisation exploitante»].
À partir du 4 mars, 9h00, le personnel de la centrale a été autorisé à travailler, mais les professionnels de l’énergie nucléaire ont travaillé sur le site pendant près de 24 heures, ils sont donc physiquement et moralement épuisés. Il est nécessaire qu’une autre équipe vienne travailler. La direction de la centrale a été menacée par des armes, il y a des morts et des blessés.
Le réseau d’alimentation en chaleur d’Energodar a été endommagé à plusieurs endroits, la ville reste sans chauffage. (…)La principale menace provient des matières nucléaires stockées dans les six réacteurs nucléaires de la centrale et dans les piscines de refroidissement du site » (sans oublier les assemblages de combustible irradié accumulés dans l’installation d’entreposage à sec du combustible usé sur le site de la centrale).
L’exploitant indique n’avoir « aucun contrôle sur la situation nucléaire et radiologique de la centrale » tout en indiquant que « selon les dernières données, le niveau de radiation sur le site de la centrale ZNPP se situe dans les limites normales ».
« (…) Cependant, la situation est extrêmement menaçante et dangereuse. Les exigences en matière de sécurité nucléaire et radiologique ont été violées. Les conséquences sont difficiles à prévoir.».
Texte intégral en anglais ici.
Dans l’interview qu’il a donné au quotidien Le Monde, le 4 mars, le président d’Energoatom indique également qu’un « tuyau spécial qui raccorde les réacteurs aux bâtiments de traitement, où l’eau radioactive est purifiée puis renvoyée aux réacteurs, a également été endommagé par ces bombardements. Il n’y a pas de fuite radioactive, mais le risque existe ».
Tout en précisant que l’attaque n’avait provoqué aucun rejet de radioactivité, le directeur de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) a mis en garde : « Nous ne pouvons pas compter que cette bonne fortune continuera. Il est grand temps d’empêcher qu’un conflit armé ne mette en grand danger les installations nucléaires et potentiellement la sécurité des personnes et de l’environnement en Ukraine et ailleurs. Il est temps de traduire nos paroles en actes ».