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Le 25 mars, EDF a déclaré à l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR) un « événement significatif » pour la sûreté survenu sur le réacteur n°1 (1) de Flamanville. Le problème remonte en fait à plusieurs jours, alors que le réacteur était en cours de redémarrage après une opération de maintenance : une fuite de vapeur d’eau sur une tuyauterie connectée au circuit primaire a été détectée suite au déclenchement, le 22 mars à 12h10, d’alarmes incendie.
Le 27 mars, EDF publie un communiqué imprécis quant à la description objective de l’événement, mais qui se veut très rassurant : pas d’impact sur l’environnement, pas d’impact sur la sécurité, sûreté de l’installation garantie. Le même jour la CRIIRAD contacte EDF afin d’en savoir plus : quel a été le débit de fuite maximal ? Quel est le volume estimé de l’eau contaminée qui a fui ? Cette fuite aurait-elle pu avoir des conséquences en termes de sûreté ? Quel est l’impact radiologique pour le personnel de la centrale ? Etc. L’exploitant a bien accusé réception de notre demande, mais près d’une semaine plus tard les réponses ne nous sont toujours pas parvenues.
Le 26 mars, l’ASNR a mené une inspection sur place. Le rapport, publié le 31 mars, reste imprécis mais permet tout de même d’en apprendre un peu plus. Et l’événement n’est pas anodin.
Une fois de plus, c’est un défaut affectant une soudure qui est à l’origine du dysfonctionnement. La tuyauterie concernée, de faible diamètre, est connectée au circuit primaire (2). Ni EDF ni l’ASNR ne précisent le débit de la fuite, qui se situerait « entre 2 000 et 8 000 litres par heure, selon les différentes versions des personnes jointes par Médiapart » (3).
Au 31 mars, selon l’ASNR (4), un « dispositif de colmatage temporaire […] permet de juguler la fuite » mais celle-ci est toujours en cours, à un débit de quelques litres par heure. La situation n’est pas encore sous contrôle puisque l’ASNR demande à l’exploitant de préciser « sa capacité à faire face à une aggravation du scénario, notamment dans le cas d’une éventuelle dégradation du débit de fuite résiduel ». La fuite a été assez importante pour que l’ASNR demande la liste des équipements de sûreté ayant pu être impactés avec éventuellement remise en conformité voire requalification, et ce « dans les meilleurs délais ».
EDF est contrainte de décharger la cuve de ses assemblages combustibles avant de pouvoir réparer la fuite. L’ASNR lui demande de « définir un seuil maximal du débit de fuite résiduel au-dessus duquel les opérations de déchargement des assemblages combustibles ne seront pas engagées compte-tenu de difficultés associées en termes de gestion des appoints en eau du circuit primaire, et présenter les parades ». Pour le moment, la cause de la fuite n’est pas connue : « afin de comprendre l’origine de la défaillance de la soudure, un programme d’expertise du piquage (5) incriminé est nécessaire ».
Par ailleurs, on s’interroge sur une dégradation potentielle du système de contrôle depuis la création de l’ASNR, début 2025, par fusion de l’ASN (6) et de l’IRSN (7). Selon des déclarations d’anciens responsables de l’IRSN (8), dans une situation analogue l’institut aurait mis en place son centre de gestion de crise. Dans la nouvelle organisation, cette mise en place par l’ASNR serait conditionnée à la décision de l’exploitant de déclencher son plan d’urgence interne.
Le dossier n’est pas terminé, la CRIIRAD suivra avec attention son évolution.
Rédaction : Julien Syren •
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En savoir plus :
• Consulter le dossier CRIIRAD : EPR de Flamanville
Notes :
1 La centrale nucléaire de Flamanville compte trois réacteurs : Flamanville 1 et Flamanville 2, mis en service en 1986-1987, et l’EPR ou Flamanville 3.
2 Circuit fermé, contenant de l’eau sous pression, qui s’échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles.
3 Médiapart, 7 mars 2025, « Nucléaire : couacs de communication après un incident de Flamanville ».
4 ASNR, Lettre de suite d’inspection du 26 mars 2025 en réponse à l’événement du 22 mars 2025, https://www.asn.fr/content/download/203376/download_file/INSSN-CAE-2025-0223.pdf . Les citations suivantes sont issues de ce document.
5 Raccordement d’une canalisation.
6 Autorité de Sûreté Nucléaire.
7 Institut de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire.
8 Médiapart, ibid.
Photo : Centrale nucléaire de Flamanville © JKremona via Wikimedia Commons, 2023
